La Gironde à pied

Chemin de mémoire de Frankton

L’itinéraire de randonnée « Frankton » s’appuie sur une opération militaire de la Seconde Guerre mondiale, effectuée par 12 Royal Marines britanniques sur l’estuaire de la Gironde. Cet itinéraire de 140 km traverse les départements de la Gironde, de la Charente et de la Charente-Maritime.  En Gironde, c’est un chemin de mémoire de 33 km, qui obtiendra prochainement le titre de GR®.

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Frankton, un itinéraire dans l’Histoire

Le chemin de mémoire de Frankton est le point de départ du repli de deux binômes de soldats britanniques survivants qui tentaient de rejoindre l’Angleterre après avoir rempli avec succès leur mission de sabotage de navires allemands dans le port de Bordeaux.

Deux autres sont morts noyés, six ont été capturés et fusillés.

Mettez vos pas dans les traces de ces Royal Marines ! L’histoire est belle et immortalisée par cet itinéraire qui rend hommage à la mémoire de ces soldats britanniques qui se sont battus pour la libération de la France sous occupation allemande.

De nombreux monuments rappellent à la mémoire de ces soldats. On les retrouve en Gironde sur la Pointe-de-Grave, à Montalivet-les-Bains, en Entre-deux-Mers, mais aussi en Charente-Maritime à Saint-Georges-de-Didonne et Royan.

Frankton se raconte, et se transmet

L’opération Frankton est une opération militaire menée par  douze hommes d’une petite unité de commandos britanniques, le Special Boat Service des Royal Marines.

Le 7 décembre 1942, six kayaks, avec 12 soldats en binôme, sont mis à l’eau par un sous-marin anglais à 16 km de l’embouchure de l’estuaire de la Gironde. Ils ont pour objectif  de poser des mines aimantées sur les coques des bateaux allemands arrimés au port de Bordeaux, afin de les faire exploser et les détruire.
Pendant cette opération de 5 jours, les commandos devront remonter l’estuaire en kayak de nuit et se cacher en journée dans les broussailles des berges afin de ne pas attirer l’attention sur eux.

Un des kayaks (Cachalot) se déchire lors de la mise à l’eau et les deux commandos qui y étaient affectés resteront à bord du submersible et retourneront en Angleterre.
Le second kayak Conger (congre)  ne passe pas les remous de l’embouchure, il chavire en traversant la barre au large de Soulac, les soldats se noient. Le corps du caporal George Sheard n’a jamais été retrouvé. Celui du marine David Moffatt est découvert le 17 décembre 1942 sur une plage de l’Île de Ré avec le kayak.
La troisième embarcation Cuttlefish ( seiche)  atteindra le bec d’Ambès, où le kayak, crevé, coulera. Ne pouvant accomplir la mission, ils se replient en Entre-deux-Mers et finissent arrêtés à La Réole le 28 décembre 1942 puis torturés et exécutés en mars 1943 à Paris, avec le binôme qui se fera prendre après la réussite de la mission.

Le sergent Wallace et le marine Ewart,  à bord du Coalfish (lieu noir), sont  faits prisonniers près du phare de la pointe de Grave où ils étaient parvenus à l’aube et seront interrogés puis exécutés sans avoir parlé à Blanquefort, à proximité du château de Dehez qui sert aujourd’hui de lieu de commémoration.
Les deux derniers kayaks restants se glissent dans le port de Bordeaux le 11 décembre 1942, vers 21 h. Le Catfish ( poisson-chat)  accomplit la mission de poser des mines sur trois grands navires allemands amarrés sur la rive gauche du port, pendant que le Crayfish ( écrevisse)  pose ses explosifs sur deux bateaux immobilisés à Bassens.

À 7 h du matin, les bateaux piégés sont endommagés par les explosions, et selon un rapport, les pompiers français postés sur le port de Bordeaux participent délibérément à empirer la situation en inondant les navires avec leurs lances pour les faire chavirer. La mission est une réussite.

S’échappant et profitant de la marée descendante, les deux binômes sur leurs kayaks descendent l’estuaire jusqu’à Saint-Genès-de-Blaye, coulent leurs embarcations, se séparent en deux groupes et entament un périple à pied de 160 km en zone occupée jusqu’à Ruffec en Charente. L’un des binômes est remarqué et dénoncé à Montlieu-La-Garde. Le caporal Albert Laver et le marine W. N. Mills seront torturés pendant 3 mois, jugés pour terrorisme et fusillés en mars 1943 à Paris, avec le binôme du Cuttlefish (seiche), capturé plus tôt à La Réole.  Ils ne parleront pas, eux non plus, sous la torture.

Le major H. G. « Blondie » Hasler et le caporal William Sparks du kayak Catfish (poisson-chat), qui compose le second duo, rejoignent Gibraltar en avril 1943,  appuyés par la Résistance française et s’en sortent vivants. 

Même si la mission est une réussite, ce sont les seuls survivants, deux sont morts noyés et six ont été capturés et fusillés.

L’exécution de ces six Royal Marines pris en uniforme constitue un crime de guerre dont l’amiral allemand Raeder eut à répondre lors du procès de Nuremberg en 1946.